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Vie sociale

Tendre l’autre joue ?

Réponse à une question suite à l’article sur l’insatisfaction.

[…] dans certains cas j’essaye de dompter ma colère, surtout dans les injustices. Mais doit on tendre l’autre joue? Agir comme un mouton sans sourciller? C’est difficile de penser au bonheur dans ces moments là. Comment puis je faire ?

Merci pour cette question très intéressante.

Quand je dis qu’il nous faut accepter le présent cela veut dire qu’il faut reconnaître la réalité du présent telle qu’elle est. Cela ne signifie pas dire amen à tout ce qui peut nous arriver. Tendre l’autre joue dans le sens ou on demanderait à recevoir une deuxième injustice n’est pas la solution. Si une souris mange mon gruyère, je la chasse et protège mon gruyère.

Prenons un exemple simple. Il pleut. Si j’accepte de considérer la réalité telle qu’elle est et que je veux sortir faire des courses, je prends un parapluie et reviendrai bien sec chez moi après avoir fait mes courses. Maintenant si je n’accepte pas de considérer la réalité telle qu’elle est, je vais peut être maudire les dieux d’avoir apporté la pluie, je vais me mettre en colère contre ma femme parce que je suis en colère d’être obligé de subir la pluie, ce climat infect et que après tout si nous sommes dans cette contrée pourrie c’est juste pour être auprès de ma belle-famille. Dans ce cas caricatural vous pouvez voir que le sujet ne s’adapte pas à la situation, à la réalité du présent mais qu’il refuse cette réalité et se retourne contre ce qu’il pense responsable de la pluie et du dérangement occasionné.

Au lieu de se retourner contre le passé, il faut envisager le plus clairement possible la situation présente, en analyser les éventuelles conséquences, et agir pour le bien de soi-même et des autres. Si je ne suis pas satisfait dans l’instant alors je mets en place une stratégie pour trouver une satisfaction dans le futur. C’est comme ça que j’envisage le présent. Le présent me donne les clés et les outils pour le futur. A moi de les voir, de les découvrir et de mettre en place des actions réalistes.

Si je suis aveuglé par la colère, je ne suis plus du tout constructif, la colère étant une volonté de destruction d’éléments du passé.

L’énergie consommée par la colère ne sert plus à construire un futur adéquat. J’essaye donc d’apercevoir le plus tôt possible la colère et j’essaye de détourner l’énergie de cette colère dans une construction positive. Il faut utiliser l’énergie qui a été libérée et ne pas la refouler.

En aucun cas nous devons nous comporter comme des moutons et subir sans sourciller. C’est bien en grande partie à cause de cela que le monde est dans cet état. Tout le monde subit et personne ou presque ne bouge. Pour râler, rouspéter, contester, grommeler, se mettre en colère les Français sont champion mais pour ce qui est de mettre en place des actions qui pourraient changer le cours des choses, il n’y a plus personne. C’est cela le « tamas » (inertie) égotique. Il vient justement de ce refus que nous avons face à la réalité de la vie. Refuser que ce qui est ici maintenant soit advenu est complètement stupide et stérile. C’est tout simplement un anti-vie, un puissant inhibiteur de la puissance de vie. Seulement, pour agir de façon constructive dans le sens du Dharma cela demande de se positionner, de fournir un effort, de ne pas attendre que les autres le fassent avant.

Les deux pieds dans la glu, les mains scotchées dans les poches et la tête dans le sable. Y aurait un problème dans ce monde ???

Si je prends un exemple extrême (j’aime bien…) quand la justice inflige une punition au coupable, c’est très rarement constructif. La punition est le plus souvent faite pour faire du mal au coupable, il faut qu’il paye pour ce qu’il a fait de mal. Mettre en prison un voleur ne sert à rien, surtout que c’est en prison qu’on risque de devenir un malfrat si on ne l’était pas avant. A sa sortie il recommencera probablement et aura certainement bénéficié des conseils de personnes plus expertes que lui. Mais nous voulons punir nous voulons faire le mal et rendre le mal que le coupable nous a fait et pourquoi pas au centuple. Ça lui apprendra. Les personnes qui nuisent à la société et aux autres ont besoin d’une « thérapie » au sens spirituel. Ce qui signifie soigner les mauvaises tendances du sujet par une expansion de sa vraie nature spirituelle. Pour cela il faudrait que le monde en soit capable et nous n’en sommes absolument pas capable car nous avons perdu notre tradition spirituelle. Nous nous enfonçons donc inexorablement vers la perdition par la croissance exponentielle des valeurs égocentriques. Nous apprenons la violence à nos enfants en les laissant regarder les films violents. Je me souviens d’un petit enfant qui frappait sa sœur car il prenait la réalité comme le jeu avec lequel il jouait sur son Ipad. Dans les jeux pour les petits ils gagnent des points quand ils cassent les maisons ou gagnent la bataille. Quelles graines faisons nous germer dans leurs tendances ?

C’est à chacun d’œuvrer à restaurer le Dharma.

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